Un taux d’intérêt représente le coût de l’argent emprunté. En immobilier, la très grande majorité des transactions repose sur un crédit : c’est donc la capacité d’endettement des acquéreurs qui fixe les limites du marché.
Prenons un exemple simple :
Un ménage de deux personnes gagnant environ 3 600 € nets par mois (soit environ 60 000 € brut par an) peut consacrer 1 200 € mensuels à un emprunt immobilier, soit un taux d’endettement d’environ 33 %.
Pour une recherche de bien similaire, le budget chute de 73 000 € (-24 %).
Pour emprunter 300 000 € à 4 % sur 25 ans, le profil financier des acquéreurs doit être radicalement différent : la mensualité grimpe à environ 1 580 €, ce qui nécessite des revenus nets proches de 4 800 € par mois — soit environ 82 700 € bruts annuels.
Autrement dit, il faudrait augmenter ses revenus de près de 38 % pour maintenir le même budget d’achat.
Lorsque les taux augmentent, les acheteurs voient leur capacité d’achat réduite. Ils ne peuvent plus proposer les mêmes prix, et certains sortent même du marché. Résultat : la demande diminue, et les prix doivent s’ajuster à la baisse.
Cette réalité met sous pression certains propriétaires vendeurs, surtout si leurs attentes sont fondées sur les prix d’une période où l’argent coûtait moins cher. Un bien vendu 300 000 € en 2021 pourrait difficilement trouver preneur au même prix en 2024, si les taux ont doublé entre-temps.
À l’inverse, une baisse des taux accroît mécaniquement le pouvoir d’achat. Les emprunteurs peuvent faire des offres plus élevées, et la concurrence entre acheteurs s’intensifie.
Dans certaines zones tendues, cela provoque une hausse rapide des prix. Mais cette hausse n’est pas due à la qualité intrinsèque des biens : elle est tirée par le contexte économique, en particulier le financement disponible.
Comparer un bien à des ventes passées est une méthode courante — mais elle comporte un biais majeur : elle suppose que les conditions économiques sont constantes. Or, elles évoluent.
Le même prix n’a pas le même sens selon le taux d’emprunt, le niveau de vie ou la fiscalité du moment.
Un bien vendu 300 000 € en 2019 a été acheté dans un contexte très différent : taux plus bas, fiscalité différente... Reprendre ce prix comme référence sans le corriger revient à comparer deux époques économiques inégales.
C’est pourquoi il est devenu indispensable de ne plus se contenter de simples comparables. Une estimation fiable doit tenir compte des paramètres économiques qui influencent la capacité réelle des acheteurs à chaque moment du marché.
Aujourd’hui, certains outils permettent justement d’actualiser les transactions en les replaçant dans le contexte économique d’aujourd’hui. Ils offrent une vision plus cohérente et plus juste des valeurs immobilières, loin des approximations.